Depuis 1874
Janvier 1871, l’Europe est une nouvelle fois exsangue suite à la guerre Franco-Prussienne. Napoléon est en déroute, les temps sont durs. Le jeune Justin Herman décide de forcer son avenir et de quitter sa famille pour tenter sa chance. Cette petite phrase que son grand-père lui a maintes fois répétée lui trotte dans la tête :
« C’est presque toujours par un coup de folie que l’on bâtit un destin ».
C’est décidé, direction Paris pour ensuite emprunter ce qui deviendra quelques années plus tard la mythique ligne Orient-Express. A peine installé dans un wagon-cabine qui le mènera à Vienne, Justin Herman fait la rencontre d’un sympathique homme d’affaires qui lui dit vendre des chapeaux. Hélas, selon sa théorie, le chemin de fer va signer la fin de son métier, les gens n’auront plus besoin de se couvrir la tête lorsqu’ils se déplaceront.
Au contraire, Justin y voit un formidable vecteur d’expansion pour ce genre de produits, le monde va rétrécir grâce à ce nouveau moyen de locomotion, des nouveaux marchés seront donc à portée de main lui dit-il. Las, le vieil homme n’y croit plus mais sans le savoir, il vient de transmettre le feu sacré à Justin Herman.
C’est décidé, Justin sera chapelier. Arrivé à Vienne, il est tenté de rentrer immédiatement en Belgique afin de se lancer dans ce nouveau métier. Il se dit toutefois qu’il pourrait profiter de son voyage pour voir, apprendre et comprendre les différentes facettes de ce métier dans cette Europe si disparate.
Ce n’est finalement que trois ans plus tard que Justin rentrera chez lui dans son petit village des Ardennes. Il aura mis à profit ces 3 années pour, non pas faire le tour de l’Europe, mais le tour du Monde. Outre les grandes capitales européennes où il s’inspira de l’élégance de la haute-société, ce périple le conduisit sur la côte est des Etats-Unis où des villes comme Boston et New-York construisaient leurs légendes.
C’est de là qu’une grande partie des modèles de sa première collection a été inspirée, par les différents styles de couvre-chefs que chaque métier, chaque communauté arboraient fièrement. Les casquettes des dockers irlandais, les feutres des bandits de la pègre, les capelines élégantes des riches new-yorkaises.
Avril 1874, Justin Herman est enfin de retour chez lui. Il se dit que le conseil de son grand-père était sans doute son plus bel héritage. Après avoir forcé son destin, il allait maintenant construire sa légende…